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Mont d'Or

 

Le Mont d'Or lyonnais est un petit massif calcaire situé au nord de Lyon. Il est riche par son patrimoine car l'habitat y a été ancien, colonisé rapidement étant aux abords de la grande ville. Les romains y ont fait passer un aqueduc encore visible par endroits.

Il est également riche par sa géologie : le terrain du secondaire est visible par une succession de plusieurs couches rapprochées, qui plus est dédoublées par une grande faille. Bref de quoi fouler un sol dont l'ancienneté va de -200 à -170 millions d'années et dont les fossiles assez fréquents sont les témoins. En une promenade de quelques petits kilomètres, on peut croiser 5 ou 6 couches de calcaires et marnes différents, bien reconnaissables à leur végétation et à leurs affleurements.

Cette page consistera en quelques vues générales des paysages, viendront ensuite quelques éléments du patrimoine puis pour finir ce sera une petite présentation des nombreuses carrières et des ouvrages des carriers.

 

1- Vues générales

Poleymieux, les Côtes au petit matin

L'ermitage Saint Antoine, en descendant vers Chasselay, avec le Beaujolais en toile de fond

Poleymieux, les Gambins

Poleymieux, un escalier de vigneron sur le chemin du Chêne

Grain sur la banlieue de Lyon vu des hauteurs de Saint Cyr

Arc en ciel sur la ville, derrière le Mont Cindre

Giverdy, à Saint Didier

Saint Fortunat, village de carriers par excellence dont la rue avait fini par devenir une ligne de crête entre les exploitations (comblées pour l'essentiel depuis).

Géologie : abondance de calcaires différents. Un exemple ici du calcaire "à gryphées" de l'étage du Sinémurien, rempli d'huîtres fossiles qui ont environ 195 millions d'années... Ces bancs donnaient une pierre dure très utilisée pour les marches, encadrements de portes et fenêtres ou dalles, comme dans l'église de Neuville sur Saône par exemple.

Un mur de maison à Lissieu laissant apparaître des gryphées.

2- Patrimoine

Les constructions en pierres sèches sont innombrables : murs, cabanes ou cabornes...

L'intérieur de l'étonnante "cabane sans fond" aux Pins et Fournats ; un ancien tumulus ?

Un aiguier à Poleymieux (construction aménagée pour récupérer le maximum d'eau de pluie possible, stockée dans une citerne en dessous).

Une étonnante cabane de grande dimension et probablement à étage, en voûte à claveaux

Croix aux Gambins, avec des symboles de carriers et se trouvant au-dessus d'une ancienne galerie de captage

Croix sur une maison à la Perronière.

Un extrait du chemin de croix d'André Buy, à St Fortunat. Il ne reste plus que trois plaques gravées qui sont visibles sur l'angle d'une maison de la rue principale de St Fortunat. On voit ici une chute de Jésus, qui correspond sans doute à la 9ème station du chemin de croix traditionnel car le soleil qui se lève derrière la nuée (qui représente la Trinité) suggère que le salut est proche. André Buy a signé la pierre avec ses signes de carrier (les lettres A et B entrelacées) et l'a datée : 1779, il avait 17 ans. Enfin il a ajouté le signe fréquent du "lacs d'amour".

3- Carrières et ouvrages de carriers

Préambule : les sites de carrières sont dangereux et fragiles, et qui plus est sur des propriétés privées. Il faut absolument éviter de toucher les ouvrages, évidemment ne pas y monter, porter un casque et éviter d'y aller avec des enfants. Je ne donnerai aucune précision sur leur localisation.

La bonne qualité de certaines strates de calcaire du Mont d'Or (notamment l'Aalénien -la pierre dorée- et le Sinémurien -la pierre grise ou calcaire à gryphées) a conduit à l'exploitation de très nombreuses carrières dans le massif. Leur origine est difficile à dater mais l'activité était encore intense au 19ème siècle, avant de péricliter à la fin de ce siècle justement, le transport sur rail ayant permis l'utilisation moins coûteuse de pierres plus lointaines.

Pour l'essentiel les carrières ont été comblées par les déchets importants (le "marrain").

Il est néanmoins possible d'accéder à certains de ces sites d'extraction anciens. Les constructions en pierres sèches deviennent alors très impressionnantes : un vrai travail de titans !

L'un des problèmes qui se posait pour l'exploitation était donc le traitement des nombreux déchets de carrière, toutes les strates géologiques n'étant pas utilisées (notamment le ciret du Bajocien, strate au dessus de l'Aalénien - pierre dorée). Ici, et c'est un cas non vu ailleurs au moins en Europe, une solution étonnante a été mise en oeuvre pour faire face à cette difficulté : sur la zone propre avant extraction, des tunnels en pierres sèches et à voûtes à claveaux ont été construits, parfois sur de grandes distances, et le marrain a été entassé au-dessus. Les carriers bénéficiaient ainsi d'un cheminement protégé des intempéries et restant assez facile pour évacuer les lourdes "charrières" de pierres que tiraient les chevaux.

Ces sites au sol remanié et atypique comportent aussi une jolie flore plutôt rare.

 Phalangère des lis.

Muscari à toupet

Parfois le chemin sur lequel débouche le tunnel s'est chargé et il faut quelques contorsions pour y entrer.

Il est alors possible de cheminer dans le tunnel en prenant des précautions ; parfois c'est très court et tout droit, parfois plus long et sinueux...

Mais en général et assez invariablement, ces tunnels finissent par un éboulement.

Heureusement avec un peu de chance, il est possible de tomber sur des sites mieux conservés... Ici, un tunnel qui traverse le marrain jusqu'au front de taille s'accompagne d'une cabane d'assez grande dimension et à plusieurs chambres, le confort quoi !

Visite de la belle cabane

Il est temps de traverser le tunnel.

Celui-ci, en plus d'être en bon état, comporte un linteau gravé à son entrée. La mémoire des carriers est restée vivace dans le village à proximité (les anciens ont connu dans leur jeunesse les vieux carriers) aussi la signification des initiales est restée jusqu'à nous : Gaspard Ligneux.

C'est parti pour une jolie traversée.

Un front de taille de pierre dorée en sortant.

Il est possible de pénétrer dans quelques anfractuosités (naturelles à priori).

Au bas du front de taille, on trouve deux inscriptions gravées, émouvantes et qui nous rappellent le souvenir des hommes de cette époque : c'est le clou de ce parcours qui se termine...

Le testament du vieux carrier : "Oh dure et ingrate roche, pendant 33 années, par toi nous fûmes enchaînés. Mais, ô Dieu de bonté, veille sur nous encore quelques journées et nos chaînes seront brisées. Louis Lignieux 1863"

La réponse de son compagnon : "Heureux celui qui, sans te creuser, sa vie peut passer. Car dans ton sein, ô dure roche, que de sueur il faut sécher, que de malheur et de danger il y a à éviter pour ne rien gagner. Fait ce 25 novembre 1863"

Tombes de carriers au cimetière de Saint Fortunat

Plusieurs éléments intéressants sur celle-ci : le nom Morateur tout d'abord, très probablement issu des "muratori" qui venaient d'Italie et qui ont largement oeuvré aux constructions du Mont d'Or. Le carrier Melchior Morateur était l'un des carriers reconnus de St Fortunat ; on trouve sa marque de taille sur bon nombre de pierres avec sa marque : un M barré horizontalement. On voit ensuite les outils habituels du carrier : équerre, compas et fil. Il faut également remarquer le gros fossile d'ammonite à gauche sur la photo.

Encore un caveau sans ambigüité : on remarque la "bonne foi" des compagnons (la poignée de mains), un pentagramme au-dessus (signe de compagnonnage fréquent), les outils de carriers : équerre et compas, ainsi que ceux de tailleur : massette et ciseau. On remarque aussi des sentances, très classiques également comme signes de carriers.

Chapelle de Saint Fortunat (Saint Didier)

Grotte de la Luée (Saint Romain)

Ouvrages des carriers de grande dimension

 
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