Vercors été 2003 (17 au 20 juillet)
Chichilianne - Pas de l'Essaure - Tête Chevalière - Pas de l'Aiguille - Grande Cabane - Plaine de la Chau - Grand Veymont - Pas de la Selle - Col de l'Aupet - Chichilianne
Encore quelqu'un à présenter
Et bien oui, lors de la présentation de la bande d'anciens collègues sur la rando de l'automne 2001, il manquait Hervé. Comment le présenter ? Tout d'abord, un trait caractéristique de ce sympathique Béarnais est la difficulté à le photographier (vous trouvez que c'est relativement difficile de prendre un chamois en photo à moins de 300m ?

et bien c'est pourtant nettement plus facile que de prendre Hervé, je mets donc la seule photo disponible de lui réussie grâce à la diversion faite par le chamois) ; le paradoxe étant en plus qu'il est lui même amateur de photographie et ses clichés sont toujours soignés et recherchés.
En dehors de cela, le problème récurrent de ce Béarnais exilé en région parisienne est de savoir où il doit se fixer "est ce que je redescends au pays ou est ce que je reste ?". Pour compliquer encore les choses, il apprécie beaucoup le "trekking", et particulièrement en Afrique.
Son gros avantage en tout cas est qu'il n'est pas compliqué pour préparer les parcours : tant que c'est beau et que les chances de revenir en un morceau restent élevées, il ne se plaint pas. Nous avons pu ainsi faire quelques beaux parcours mais en revanche à la belle saison, plus fréquentée certes mais quand même nettement moins austère qu'avec la neige et la nuit à 17h...
Premier jour
Nous avions mis le réveil à 5h en vue d'un décollage à 6h. Résultat atteint et après une bonne route, nous sommes arrivés à 12h15 à Chichilianne, à une cinquantaine de kms au sud de Grenoble. Nous avons alors grimpé au pas de l'Essaure (assez ingrat par moments). Récompensés par la belle vue à l'arrivée, nous avons alors cherché les sources temporaires indiquées sur la carte et, arrivés à la cabane de l'Essaure : rien ! Evidemment, la canicule n'arrangeait pas nos affaires.
Nous sommes alors partis vers Chamousset en ayant un peu de mal car nous ne trouvions pas le chemin ; je commençais à avoir de gros doutes pour trouver les autres sources mentionnées (près du col du Greuson vers 1820m). Heureusement, après avoir monté un vallon, j'ai vu ce qui m'a semblé être un assemblage ressemblant à une source, et effectivement, il y avait des bachassons. Petits battements de coeur : y a-t-il de l'eau ou devrons nous redescendre ce soir? Il y avait un petit filet d'eau ! J'en ai profité pour bien me tremper puis nous avons refait le plein des gourdes et nous avons débouché sur un vallon sous la Tête Chevalière.
Nous nous sommes décidés à bivouaquer là bas la nuit donc nous avons fait un dernier effort pour monter tout en haut de la Tête Chevalière à 1951m et nous n'avons pas été déçus : point de vue absolument magnifique. C'est vraiment mon plus beau bivouac jusqu'à maintenant.
La tente a été vite montée, heureusement car un vent fort s'est levé à l'approche du coucher du soleil. Le froid est alors tombé rapidement, nous avons apprécié de pouvoir manger chaud avec le réchaud puis au dodo vers 21h, Hervé choisissant de dormir à la belle étoile. Finalement, vu la beauté du spectacle nocturne (étoiles, lumières dans la vallée puis clair de lune sur le plateau), je l'ai rejoint et j'ai dormi moyennement. Je voulais aussi ne pas rater le lever du soleil sur la chaîne.
Deuxième jour
A 6h, j'étais réveillé (rosée très importante, le sac était bien mouillé mais heureusement en synthétique). Le ciel au delà du Dévoluy et de Belledonne était rose, puis orangé..

Je me suis levé, il y a eu à nouveau avec le lever du soleil un vent froid assez fort et je m'étais emmitouflé dans toutes mes pelures. Je suis descendu à la mare de la Tête Chevalière et là encore, point de vue magnifique !


Je suis remonté au sommet et je redescendais un peu l'autre versant lorsque je suis tombé nez à nez avec trois chamois qui se sont vite enfuis en me voyant !


Nous avons alors pris le petit déjeuner pour se réchauffer puis nous avons plié bagages et nous sommes retournés à la source avant Chamousset, où une marmotte nous a regardé faire un moment. Nous avons alors suivi le chemin (le soleil tapait alors dur) vers le pas de l'Aiguille, puis le pas de l'Ours vers la Jasse de Peyre Rouge, en mangeant sous l'un des derniers pins à crochet avant le désert de pierres). A la Jasse, nous avons bifurqué vers Pré Peyret où nous avons repris de l'eau fraîche à la fontaine des endettés (filet d'eau absolument minuscule, je pense qu'il fallait environ 1/4 d'heure pour une gourde !). Nous avons continué sous le cagnard vers la Grande Cabane

puis la prairie de la Jasse de la Chau où nous sommes arrivés vers 18h, fourbus !!

J'ai profité de la source pour bien me tremper et me laver un peu, nous avons refait le plein d'eau et nous sommes partis installer le bivouac sous des pins entre la source et le GR du Grand Veymont. Autant nous n'avions encore quasiment vu personne jusqu'à Pré Peyret autant il y avait plusieurs groupes à la Chau. Nous nous étions d'ailleurs trouvé un premier emplacement de bivouac sympathique quand un groupe d'une quinzaine de personnes est arrivé en nous demandant "vous comptez bivouaquer là ?" "ben oui" "bon d'accord" Et les voilà alors qui s'installent à 5m de nous, avec une discrétion vraiment remarquable (étaient-ils parisiens aussi pour être si bruyants et se coller à nous ?). Au bout d'un moment (relativement bref d'ailleurs), nous nous sommes mis d'accord avec Hervé "c'est pas possible". Et donc nous avons déménagé un peu à l'écart histoire de se souvenir que nous étions en montagne et pas sur les grands boulevards.
Cette fois, je voulais bien dormir alors je me suis mis dans la tente après le coucher du soleil, avec les boules quies, Hervé repartant pour un nuit à la belle étoile. J'avais rangé mon sac à dos dans la tente et celui d'Hervé était sous l'auvent.
Dans la nuit, j'ai été réveillé par un petit coup, comme si quelq'un m'avait légèrement cogné. Réalisant doucement en me réveillant, je pensais à une bête n'ayant pas vu la tente et étant rentré dedans. J'ai enlevé une boule quies au cas où et j'ai entendu un bruit de sac à dos manipulé. Encore quelques minutes d'engourdissement et j'ai regardé par acquis de conscience si le sac d'Hervé était bien là : il n'y était plus ! J'ai pensé qu'Hervé l'avait peut être pris pour attraper une polaire ou quelque chose donc je l'ai appelé comme j'entendais un bruit de sac. Hervé s'est réveillé en sursaut et bien sûr : "putaing quoi, tu déconnes? mais non j'ai pas pris mon sac!" Nous sommes partis à la chasse au sac dans la nuit à la frontale, il fallait voir la scène : Hervé en caleçon pieds nus et moi, ayant juste enfilé le pantalon et la polaire, le bâton à la main et la frontale sur la tête (qui ne m'éclairait qu'à 1 m d'ailleurs)! Nous sommes partis vers le bruit de sac, je suis tombé sur la housse de son sac de couchage, un bout de lanière arrachée... et finalement Hervé a trouvé avec sa puissante frontale un renard qui semblait bien attiré par la nourriture dans le sac !!! J'ai mal vu pour ma part mais j'ai été étonné par sa taille (j'aurais dit la taille d'un gros chat ou assez petit chien). Nous avons récupéré le sac, le paquet de céréales pour le petit déjeuner était éventré, trois lanières étaient cassées. Du coup, nous nous sommes repliés dans la tente avec tous les sacs et nous avons fini la nuit comme ça mais j'étais quand même nerveux : ce petit renard qui a pu tirer le sac à dos lourd et bien rempli sur 20 mètres en déchiquetant des lanières bien costaud ne va-t-il pas réattaquer la tente pour la nourriture? Mais le reste de la nuit fut calme, même si j'ai tout de même assez mal dormi ensuite !
Troisième jour
Réveillés peu avant 7 heures, nous nous sommes levés presque dans la routine : inventaire des dégâts (nous n'avions vraiment plus rien en trop à manger suite à la destruction des céréales ; je commençais déjà à me demander ce qui est mangeable en matière de racines et de baies...), petit déjeuner, etc.. Puis départ pour le Grand Veymont, que nous voulions faire avant que le soleil ne tape trop dur. Nous étions au sommet vers 10h30,

toujours aussi beau, d'autant plus le matin alors que le soleil éclairait bien la chaîne des parois rocheuses (beaucoup de monde au sommet). Nous sommes redescendus par le pas de Chattons et nous avons mangé près des aiguillettes, sous le peu d'ombre qu'il y avait sous les sapins. Une petite sieste pour Hervé devant la face sud du Veymont pendant que je faisais un saut pour voir si la fontaine des Bachassons coulait et nous voilà repartis vers celle-ci, avec de nombreuses marmottes très peu farouches en cours de route (autant vers Chamousset on entendait siffler à 200m en permanence, autant là elles restaient tranquilles à quelques mètres).

Nouveau plein d'eau puis pour le bivouac, j'hésitais entre le sommet de Montaveilla, une crète à 2024m sur les rochers du Parquet et le sommet de Peyre rouge, tout au bout du plateau du Montaveilla. On a opté pour cette dernière solution et là encore, site absolument magnifique, presqu'île entre le Grand Veymont d'un côté et le mont Aiguille de l'autre.



Nous avons passé un moment à regarder les grimpeurs sur le mont Aiguille, des aigles je pense qui devaient nicher sur la falaise pas très loin, puis à nouveau vent et fort coucher de soleil. Hervé a passé une nouvelle nuit à la belle étoile et j'ai dormi sous la tente (bien dormi cette fois) avec tous les sacs.
Quatrième jour
Nous avons été réveillés vers 6h, notamment par un troupeau de moutons qui remontaient avec le berger le pas des Bachassons. A nouveau un spectacle magnifique avec 4 chamois, mais cette fois de loin aux jumelles dans un endroit fort peu accessible.

Nous sommes alors partis pour refaire le plein à la fontaine des Bachassons puis nous avons suivi le sentier jusqu'au pas de la Selle (très joli vallon) puis nous avons suivi le chemin

jusqu'au col de l'Aupet sous le Mont Aiguille et nous sommes descendus vers la Richardière par le chemin, en lacets raides par endroits. De là nous sommes arrivés à Chichilianne vers 12h30 (il faisait vraiment très chaud) et nous sommes repartis chez nous en arrivant vers 18h30.
Bref, un bon week end bien riche en évènements mais si agréable !